Dessiner le Grand bleu

Exposition du 24 novembre au 21 décembre, en accès libre

Comment la BD engagée aborde-t-elle la nécessité d’une nouvelle relation avec le monde ? En reprenant l’expérience de l’année dernière (« La fin du monde sera végane »), nous proposons pour l’édition 2024 de plonger dans les profondeurs insondables du Grand bleu….

Source de substance, terrain d’échanges, berceau de civilisations, et parfois entité sacrée depuis la nuit de temps, les flots sont souvent vus comme un monde à part avec lequel nous devons tenter la meilleure cohabitation possible, et surtout dont il faut éviter les colères. Ce n’est que trop récemment que nous avons commencé à voir l’océan comme partie-prenante de notre écosystème et de notre civilisation globalisée. Face aux grands défis créés par la crise climatique, de nombreux artistes se sont emparés de cet univers afin de le repenser et de le ré-imaginer au sein du 9e art.

Du 24 novembre au 21 décembre, quatre artistes, Gaétan Nocq, EMG, Léo Paul et Thomas Brochard-Castex présenteront au 1er étage de l’Académie du climat, une exposition composée de reproductions agrandies de leurs albums : Octopolis, La vague gelée, La forêt vagabonde et Le Grand Océan. Quatre récits aux graphismes distincts, proposeront aux visiteurs de repenser le grand bleu et de le (re)découvrir. L’exposition sera doublée d’une rencontre-débat avec les quatre artistes, samedi 30 novembre à 15h, en salle des fêtes de l’Académie du Climat.

Quelques mots sur les auteurs invités :

Portrait de Gaétan Nocq

Gaétan Nocq est un auteur et illustrateur français, né en 1968. Il a d’abord suivi une formation en arts appliqués avant de devenir illustrateur et reporter-dessinateur. Son parcours artistique est riche et varié, marqué par une passion pour le dessin documentaire et l’exploration de sujets historiques et sociaux. Il se distingue par son approche réaliste, souvent proche du reportage graphique, où il s’attache à raconter des histoires humaines, marquées par l’Histoire avec un grand « H ».

L’une de ses œuvres les plus reconnues est « Le Rapport W » (2019), une adaptation de témoignages du résistant polonais Witold Pilecki. Ce travail, basé sur des récits historiques, illustre son intérêt pour des thèmes graves, avec un regard à la fois documentaire et profondément humain. Son album « Les Grands Cerfs » (2020) est une adaptation du roman de Claudie Hunzinger, mêlant contemplation de la nature et quête intérieure, dans un style graphique empreint de sensibilité.

Gaétan Nocq est souvent salué pour son sens du détail et sa capacité à restituer des atmosphères immersives à travers un dessin sobre, proche de l’aquarelle et du lavis, qui donne une dimension poétique et réaliste à ses œuvres. Avec une carrière qui conjugue à la fois engagement et esthétisme, Nocq continue de se distinguer comme une figure importante dans le monde de la bande dessinée d’auteur, offrant un regard unique sur des récits intimes et historiques.

Gaétan NocqAuteur et illustrateur

Thomas Brochard portrait photo, photo @Pauline Ruhl Saur

Géographe de formation, Thomas Brochard-Castex démarre son parcours dans la bande dessinée en 2011 avec les éditions nantaises Vide Cocagne et la Focdamn.

Il est aujourd’hui chargé de projets à Maison Fumetti, dont il est l’un des fondateurs. Il est d’auteur de Les Eaux noires (Polystyrène, 2021), Grand Océan (scénario de Fabien Grolleau, Cambourakis, 2019), et sous le nom de Thomas Gochi, de Achille (scénario de Mike Gory, Vide Cocagne, 2015), et des fanzines Ce qu’il s’est passé à Nantes, ainsi que de contributions à divers collectifs.

Pour l’anecdote, Thomas est aussi champion de Catch de dessin à la Focdamn, et du Criterium cycliste du festival d’Angoulême en 2016, et dès qu’il le peut il se costume pour dessiner en public.

Thomas Brochard-CastexAuteur de BD

Photo portrait de EMG

Né en 1983 à Paris, EMG découvre très tôt le dessin à l’ordinateur et la bande dessinée. Il mélange les deux en 2009 dans un fanzine, Néant Horizon, qui regroupe d’autres auteurs de bandes dessinées électroniques, puis dans des récits publiés aux Editions Tanibis ou dans la revue Lagon.

En 2012, paraît son premier album papier tremblez enfance z46, suivi en 2020 par La vague gelée, puis en 2021 par volt évier z82.
Après avoir vécu en Serbie et en Espagne, il travaille aujourd’hui à Lille comme urbaniste et concepteur de jouets. En BD, ses inspirations viennent entre autres du jeu vidéo, de la Nouvelle Ligne Claire ou de la littérature surréaliste.

EMGAuteur de BD, urbaniste et concepteur de jouets

Photo portrait de Leo Paul

Né à Nantes en 1992, Léo Paul vit et travaille à Paris. Bien qu’imprégné depuis toujours par le dessin et la création, c’est après une thèse en physique à l’Institut des Nanosciences de Paris, qu’il décide de prendre un virage vers un chemin artistique. Élève aux cours de gravure de la ville de Paris de 2020 à 2022, Léo Paul trouve sa voie dans cette pratique qu’il développe dans l’atelier collectif Point d’Encrage à Gentilly. C’est la sortie d’un 1er livre d’artiste mêlant gravure et animation, La Chemise du Diable.

Ses oeuvres apparaissent dans plusieurs expositions collectives comme les Journées de l’Estampe Contemporaine, la Biennale de l’Estampe de Saint-Pierre-le-Viger et le Salon d’Automne. Léo exerce en parallèle l’écriture, l’illustration d’histoires oniriques, et la gravure d’œuvres originales. En 2023, La Forêt Vagabonde, paraît aux éditions Patayo.

Léo PaulAuteur de BD et graveur

Que nous disent leurs albums présentés

La question qui soutien ce projet, “Comment dessiner le Grand bleu ?”, nous renvoie à sa dimension d’espace mystérieux, de dernière frontière de notre planète ou nous pouvons encore nous amuser à croire que des monstres s’y cachent et à laisser libre cours à notre imagination. Cette dimension d’espace-refuge de nos fantasmes est au cœur de l’album d’emg, La vague gelée, qui avec son esthétique rétropixelisé, nous renvoi à la nostalgie des années 80 et des films de surf, ou des corps sculptés défient les règles de la gravité afin d’effectuer un cutback. Dans ce récit d’onirismes aquatiques, les fantaisies d’adolescence, les aventures pulp de science-fictions et l’esprit des compétitions sportives peuplent l’univers qui se cache sous les vagues.

Extrait de, La Vague gelée par EMG, éditions Tanibis

Quant à l’univers secret et surnaturel des flots, il est longuement exploré dans le récit écrit par Fabien Grolleau et dessiné par Thomas Brochard-Castex, Grand océan, où une immense mer a envahi l’entièreté des superficies terrestres du fait de l’action humaine destructrice. Arborant une esthétique plus dépurée, en noir et blanc, il se réapproprie de nombreuses images qui, jadis, illustraient les cartes maritimes. De la sorte, cet océan planétaire se trouve habité par des créatures aux pouvoirs titanesques, inspirées des mythologies océaniques. Des monstres qui relèguent les humains au rang de faibles créatures tentant tant bien que mal de survivre dans ce nouveau monde.

Extrait de l’album, Le Grand Océan de Thomas Brochard, éditions Cambourakis

Extrait de, La forêt vagabonde par Léo Paul, Éditions Patayo

La désanthropocentrisation des océans est aussi au cœur du livre de Léo Paul, La forêt vagabonde, où un cétacé colossal est transmuté en une sorte de dieu vivant, au sein duquel un Jardin d’Éden prospère. Séduisant l’œil par ses lavis soignés aux tons gris et noirs, l’ouvrage nous transporte dans l’univers des récits fantastiques, transmis de générations en générations  des siècles durant. Dans ce monde magique, tout est investi de pouvoirs. Les océans incarnent une dimension spirituelle, brouillant les frontières entre l’univers des hommes et celui des animaux.

Mêlant l’esprit de découverte et les mystères insondables, Octopolis de Gaétan Nocq nous invite pour sa part à suivre les pas d’une chercheuse en quête d’une cité disparue au fond des mers. Alternant polar et récit de découverte, le dessin soigné de Nocq décline toute la gamme du bleu pour nous transporter hors de nos repères habituels, dans le monde des plongeurs, des créatures solitaires, incapables de vivre trop loin des flots insondables.

Extrait de l’album Octopolis, de Gaétan Nocq, éd. Daniel Maghen

À ne pas manquer, toujours à l’Académie du Climat :

LA MEDITERRANEE D’EDMOND BAUDOIN

Exposition de reproductions agrandies de l’album Méditerranée d’Edmond Baudoin, du 24 novembre au 21 décembre

Lors d’une rencontre animée par la BDI, Edmond Baudoin se joint aux quatre chroniqueurs et présente son livre, Méditerranée, au coeur du débat sur les enjeux climatiques de notre siècle. Venez assister à la rencontre vendredi 29 novembre dès 20h30, à la Buvette de l’Académie du Climat.

[Plus d’infos]

Méditerranée

Méditerranée de Edmond Baudoin. Éditions Gallimard, 2016.

L’OCÉAN, PAR LES AUTEURS DE BD

Table ronde du samedi 30 novembre à 15h dans la Salle des Fêtes

Rencontre autour d’un sujet littéraire et politique d’actualité : l’océan. Quatre auteurs ayant abordé le sujet dans leur travail viendront échanger à l’Académie du Climat sur leur façon de voir cette immensité et son mystère.

Au rendez-vous : Gaétan Nocq, Thomas Brochard-Castex, EMG et Léo Paul.

[Plus d’infos]

Thomas Brochard, Grand océan P64

Ça se passe où ?

La table ronde L’océan vu par les auteurs de BD
Aura lieu dans la Salle des fêtes de
L’Académie du Climat au 2 place Baudoyer, Paris IVe
À 15h le 30 novembre 2024
Entrée libre et gratuite

Académie du Climat

Comment y aller ?

Metro lignes 1 et 11 : Hôtel de Ville / ligne 1 : Saint-Paul
Bus 69, 76, 96 : Saint-Paul