La Bande Dessinée spéculative
Les bandes dessinées spéculatives sont des œuvres qui interrogent leur propre discipline et les conditions de leur création, de leur production, de leur diffusion et de leur réception. Ces œuvres sont parfois ironiques et insolentes, parfois astucieuses et ingénieuses, parfois ludiques, voire potaches, parfois austères et rigoureuses, souvent radicales, toujours éloquentes et révélatrices.
Le SoBD a le grand plaisir de vous faire découvrir une exposition sur La Bande dessinée spéculative avec la maison belge La 5e Couche.
Les œuvres de détournement
Toutes une série de livres spéculatifs reposent sur le principe du détournement. Une grande partie des œuvres rassemblées dans ce corpus atteste du caractère collectif de la création. Toute œuvre étant collective et patrimoniale, dès sa conception, elle enrichit un corpus commun dans lequel on peut puiser, elle devient matériau pour des œuvres ultérieures.
Il s’agit parfois de raviver le sens qui s’émousse ou s’altère : toute œuvre est (aussi) le produit de contextes ou est contingentée par des contextes, tant lors de sa création que lors de sa production, de sa diffusion ou de sa réception. Ces contextes, inexorablement, disparaissent, et il ne reste que l’œuvre, rendue parfois incompréhensible sans un exercice de réappropriation ou de réinterprétation. Comme on interprète une œuvre de répertoire, au théâtre ou en musique, on peut interpréter une œuvre plastique ou littéraire.
Toute production culturelle nourrit le corpus dans lequel l’artiste peut légitimement puiser à sa guise, étant entendu que même l’œuvre la plus singulière de l’artiste le plus singulier est constituée d’éléments qui lui préexistent, d’éléments communs, et qu’elle est elle-même une production collective, un produit commun (comme l’écrivain le plus «génial» ne peut «inventer» sa langue ou son langage qu’à partir de la langue commune, qui le précède).
Chercheur invité au Metalab, à Harvard et postdoctorant du FRNS à l’Université de Liège, Ilan Manouach est auteur de bande dessinée conceptuelle, éditeur et consultant en stratégie pour Onassis Publications. Il a obtenu un doctorat en épistémologie de la bande dessinée de l’Université Aalto (Finlande), qui explore les effets des technologies de pointe, des médias synthétiques, de la fintech et de la logistique mondialisée sur l’industrie de la bande dessinée. On lui doit notamment Shapereader, un système de narration tactile initialement conçu pour les personnes malvoyantes. Il est le fondateur d’Echo Chamber, qui a pour objet de produire, documenter et archiver les pratiques artistiques radicales et spéculatives en bande dessinée contemporaine. Il dirige Futures of Comics, un programme de recherche international qui examine les mutations historiques en cours dans l’industrie de la bande dessinée, dans un environnement de plus en plus financiarisé, mondialisé et technologique.
Le blanchiment est une pratique de casting qui consiste à faire jouer des rôles non blancs à des acteurs blancs. […] Souvent réalisée au nom d’une économie narratologique douteuse, la minimisation des rôles joués par ces personnages de couleur lors d’événements culturels, historiques ou fictifs, surtout lorsqu’ils sont cruciaux, fait de cette pratique une forme de censure. Ilan Manouach blanchi à l’eau de javel un magazine de Cascao, du célèbre empire brésilien du divertissement Turma da Monica. Ce travail a été développé lors d’une résidence au Brésil en 2017 et a été pré-publié dans l’anthologie collective Baiacu à Sao Paulo.
Les textes sont issus du Catalogue de l’exposition La bande dessinée spéculative, à partir du corpus établie par Ilan Manouach.
Ça se passe où ?
L’exposition La BD spéculative se tiendra à la Halle des Blancs-Manteaux, épicentre du salon SoBD
Le vendredi 29 novembre (17h-20h) et le samedi-dimanche 30 novembre et 1er décembre, de 11h à 19h
Comment y aller ?
Metro lignes 1 et 11 : Hôtel de Ville
ligne 1 : Saint-Paul
ligne 11 : Rambuteau
Ligne 8 : Chemin Vert
Bus 29, 67, 69 : rue vieille du temple
75 : Archives-Rambuteau